Grèce juillet 2013
Nous revoilà sur ces terres ancestrales, le berceau d'une civilisation sans presqu'aucune autre pareille. La crise actuelle a secoué et secoue le pays, on s'en rend vite compte à Thessalonique avant tout, l'a broyé comme un hypothétique et infâme nuisible dans la gueule d'un chat, l'a fait valdinguer du côté des miséreux, fermant ses magasins, ses boutiques, ses supermarchés, laissant sur le chemin des débris des monceaux des fragments, des bribes...
Mais l'archéologie, la Grèce, ça la connaît ! Le Grec d'aujourd'hui n'est pas à classer au rayon des peuples de musées, il est même bien là, au gré de nos pas, debout, affable et accueillant. Peuple hellène, debout !
Après un TGV nantais matinal qui devint roisséen,nous avons décollé ce dix juillet de l'année 2013, pour une brève escale à Rome puis envol pour Thessalonique dans le nord de la Grèce.
23H45, nos pieds touchent le sol hellène, la nuit est moite et emmoustiquée. Un hôtel perdu dans le no man's land aéroportuaire qui étale ses zones commerciales moribondes et ses boîtes de nuit clinquantes.
Les Météores nous attendent dès le lendemain, c'est une région montagneuse toute proche de l'Albanie, Ithaque, l'île natale d'Ulysse, n'est pas loin non plus...
Oui, bien sûr nous n'y sommes pas seuls car le lieu est nationalement un des plus prisés du pays. « Suspendus dans les airs » voilà ce que signifie l'adjectif "meteoros", l'horizon est peuplé d'une forêt de pitons rocheux au sommet desquels les moines orthodoxes ont perché des monastères (on en a compté jusqu'à 24). Avant de faire ce choix des vertiges, ils vivaient dans des grottes comme tout bon anachorète qui se respecte ! Comme ça chauffait à terre entre empire ottoman et byzantin, au XIVème siècle, ils ont sagement ou follement opté pour l'acrobatie d'azur.
C'est déjà même impressionnant d'imaginer comment de telles bâtisses entre ciel et terre ont pu voir le jour alors se supposer témoin direct de la construction relève de l'inconcevable. Combien de moinillons tombant dans le vide, combien de pierres lourdes patiemment élevées sur les pitons ?
A l'instar de nos cathédrales de terre de France, l'ouvrage d'art est stupéfiant et une dizaine de monastères nous surveillent dans leur aire comme des aigles de pierre. Le résultat d'aujourd'hui est en partie restauré puisque les Nazis ont su détruire avec adresse ce qui leur semblait un insolent symbole de résistance : les popes semblent effectivement avoir été un ferment non négligeable de résistance à l'invasion allemande.
Au départ, on ne rejoignait l'espace qu'avec une échelle de corde qu'on remontait vite une fois la personne hissée. Puis un treuil put avec un solide filet monter des charges plus lourdes. A présent, ce sont des escaliers gravés dans la montagne qui rendent accessibles les monastères, les jetant en pâture dans les rets pernicieux du tourisme. Chic alors !
On peut aller d'un site à un autre – six visitables aujourd'hui- par des sentiers de randonnée, on appelait ces chemins des monopatia sentiers de moines longtemps gardés secrets par la nature et les paysans peu amènes.
Deux monastères dans la journée nous ouvre leurs portes et leurs marches : le Grand Météore puis Agia Triada; ce dernier sert de spectaculaire décor dans « Rien que pour vos yeux » un James Bond de 1981. Il fallut, selon la légende, plus de soixante ans pour le construire, à cause de son inaccessibilité.
Il reste quelques moines à ce jour sans doute mieux préparés que leurs ancêtres ermites, à supporter les hordes de touristes braillards et colorés et à accueillir cette nouvelle manne moins austère mais autrement plus juteuse par la vente de souvenirs, DVD et autres colifichets orthodoxes.
La beauté du paysage s'allie avec le caractère éminemment sacré du lieu, la visite tient à la fois du musée et de l'anthropologie religieuse. On reste à la fois ébahi et interloqué, muet et presque séduit.
La route est longue vers d'autres destinées, le Mont Olympe nous a en ligne de mire et le soir, nous nous baignerons sous son regard placide, ennévé et divin ! L'eau est carrément limpide et soyeuse. Un petit vent frais se glisse sous nos aisselles pour qu'il nous apparaisse plausible de voler, petits humains ravis !
UN ALBUM PHOTO COMPLET : Grece-1
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